
Réinventer son leadership en 2025 : les compétences clés face aux nouveaux enjeux
Dans un monde en constante mutation, marqué par l’incertitude, la complexité et des défis globaux sans précédent, les entreprises et organisations doivent repenser leur manière de diriger. Le leadership traditionnel, fondé sur le contrôle et l’expertise technique, montre ses limites. Aujourd’hui, un nouveau paradigme émerge : celui du leadership conscient.
Leadership conscient, de quoi parle t-on ?
Le leadership conscient repose sur une approche qui considère que le leader (dirigeant, manager) est simultanément le potentiel et la limite de son organisation. Sa capacité d’impact et le niveau de conscience avec lequel il l’obtient sont plus que jamais des éléments qui conditionnent le succès ou les difficultés que rencontre son entreprise.
La conscience étant un vaste et mystérieux « terrain de jeu », je propose d’identifier 5 territoires de conscience qui, basés sur mon expérience, représentent des lieux de travail et de développement pour tout leader désireux d’avoir une influence positive et de batir la robustesse de son équipe ou son organisation :
- La conscience de soi: estime de soi, confiance en soi, rapport aux émotions, rapport à l’égo, type de mindset, complexe de l’imposteur… ;
- La conscience des autres: en l’occurrence de ses collaborateurs et des parties prenantes qui l’entourent (quel est leur niveau de maturité, de compétences, hard et soft, quel état d’esprit, quel degré de confiance, quelle capacité de remise en question…) ;
- La conscience des relations: l’ensemble des liens qui constituent le « champ relationnel spécifique » de son équipe ou son organisation, véritable signature culturelle de l’entreprise qui demande soin et attention permanente ;
- La conscience des enjeux: ils sont multiples et interconnectés (psychologiques, relationnels, écologiques, économiques, financiers, technologiques, l’innovation, la vision, l’équilibre performance vs robustesse…)
- La conscience du monde qui change : la phase de transition présente entre l’ancien monde et le nouveau monde comme dit le prospectiviste Marc Halévy, qui modifie le sens des priorités, qui repositionne les enjeux existentiels et spirituels au premier plan, qui place la logique du vivant en valeur suprême.
Ce travail infini sur la conscience invite les responsables à une plus grande humilité, à une posture plus authentique, alignée et responsable de la conduite des équipes et des organisations vers un modèle qui ne ne cherche pas uniquement la performance immédiate, mais vise un impact durable, en conjuguant éthique, résilience et intelligence collective. Un leader conscient n'agit pas uniquement en fonction de ses connaissances passées, mais apprend à capter les signaux émergents du futur pour structurer son influence
Cette approche rejoint et intégre les travaux de différents auteurs comme Vincent Lenhardt, qui depuis 40 ans positionne la sécurité ontologique des dirigeants comme un axe central de la réussite des organisations. De même, Jim Collins met avant les caractéristiques du leader de Type 5 fondé sur la combinaison d’une profonde humilité, d’une grande ambition pour l’organisation dont il a la responsabilité et d’une rigueur sans failles dans le respect des fondamentaux qui batissent le succès de son entreprise.
Citons également Frederic Laloux qui, dans Reinventing Organizations, met en avant la transformation des entreprises vers des modèles plus autonomes, fondés sur la confiance et l’auto-gestion. Quant à lui, Otto Scharmer, avec la Théorie U, insiste sur l'importance de la présence et de l'écoute profonde pour co-créer l’avenir. Plus récemment, les travaux d’Olivier Hamant, chercheur en Biologie et Biophysique, met en avant que la nature et les lois fondamentales qui la régissent sont là pour nous enseigner que le temps de l’ultra performance est révolu et que nous sommes dans l’ère de la robustesse.
Pourquoi ce type de leadership est essentiel dans un monde incertain ?
Face aux crises écologiques, économiques et sociales, les organisations ont besoin de leaders capables de naviguer dans l’inconnu avec clarté, ouverture et courage. Les collaborateurs recherchent de plus en plus des environnements où la confiance, la transparence et le sens du travail sont prioritaires. Un leader conscient sait donc :
- Créer de la clarté dans l’incertitude en sachant co-créer une vision inspirante. Cette vision doit être cohérente et alignée avec des valeurs fortes, capable de fédérer les équipes même dans les moments difficiles.
- Encourager l’autonomie et l’intelligence collective pour s’adapter rapidement aux changements. Il s’agit de passer de la délégation à la subsidiarité en osant la confiance aux collaborateurs et en valorisant leurs compétences.
- Développer un leadership relationnel, fondé sur l’écoute et la capacité à créer du lien. Un leader conscient est un facilitateur qui favorise l’émergence d’une dynamique de co-construction et d’innovation.
- Privilégier le principe d’organisation apprenante comme un levier clé pour transformer les entreprises et les rendre plus résilientes. Peter Senge dans La Cinquième Discipline souligne que les organisations capables de s’adapter et d’apprendre en continu seront celles qui prospéreront dans un monde incertain.
Comment devenir un leader conscient et confiant ?
Devenir un leader conscient et confiant est un processus qui se construit dans le temps et repose sur plusieurs piliers essentiels :
- Développer une posture intérieure solide : Le leader conscient est profondément engagé dans sa transformation intérieure. Cela implique de cheminer avec constance vers la connaissance de soi, d’identifier et reconnaître ses forces, de repérer ses croyances limitantes et d’aligner ses actions avec ses valeurs fondamentales.
- Apprendre à réguler ses émotions : Daniel Goleman, dans ses travaux sur l’intelligence émotionnelle, a démontré que la capacité à reconnaître et réguler ses émotions a un impact direct sur l’efficacité du leadership. La pleine conscience et des exercices de gestion du stress favorisent une meilleure maîtrise de soi.
- Développer une communication authentique et impactante : Un leader conscient sait exprimer sa vision avec clarté et inspiration. Il sait aussi écouter activement, poser des questions pertinentes et créer un climat de confiance où chacun peut s’exprimer librement. La communication non violente et le feedback constructif sont des outils précieux pour instaurer cette dynamique.
- Agir avec courage et responsabilité : Le leadership conscient ne consiste pas à éviter les difficultés, mais à les affronter avec lucidité et détermination. Cela implique de prendre des décisions alignées avec ses convictions, même lorsqu’elles ne sont pas populaires. Il s’agit aussi d’assumer pleinement son rôle de leader en étant un modèle de cohérence et d’intégrité.
- Encourager l’intelligence collective et la coopération : Un leader conscient ne cherche pas à tout contrôler, mais à révéler le potentiel de son équipe. Il sait créer un environnement propice à l’apprentissage et à la co-création, en valorisant la diversité des talents et des points de vue. L’agilité et la confiance mutuelle sont au cœur de cette dynamique.
- Prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres : Un leader épuisé ne peut pas inspirer ni accompagner efficacement ses équipes. La gestion de l’énergie, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, ainsi que des pratiques de bien-être (sport, nature, méditation) sont essentielles pour maintenir un leadership durable et inspirant.
Conclusion : Un leadership à réinventer
En 2025, les organisations performantes seront celles qui auront su intégrer un leadership plus humain, plus conscient et plus adaptatif. Plutôt qu’une méthode figée, c’est un cheminement qui s’expérimente et s’incarne au quotidien. Chaque leader a le pouvoir de transformer son environnement en développant ces compétences essentielles. Et si vous faisiez le premier pas dès aujourd’hui ?
Thomas Kourliandsky
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